Le projet pilote 50+ actif veut permettre à des quinquagénaires du Valais romand de retrouver rapidement du travail, en trois ou quatre mois. Grâce à un coaching personnalisé, à la présence d’un mentor et d’un réseautage. Explications.
«J’ai fait des centaines d’offres depuis plusieurs années et à chaque fois, les réponses sont négatives. Les employeurs rejettent les plus de 50 ans», souligne ce Valaisan de 58 ans. Comme lui, ils sont des centaines en Valais à galérer pour retrouver un poste à cause de leur âge.
Entre 2011 et 2017, le nombre de personnes de plus de 50 ans à l’aide sociale en Valais a augmenté de 45%. Enfin, nombreux sont les quinquagénaires qui tirent le diable par la queue, mais qui ne sont pas inscrits au chômage, ni à l’AI, ni à l’aide sociale. «Ils ont souvent un travail à temps partiel qui ne suffit pas à leur permettre de vivre correctement et ils risquent de tomber dans la précarité. Nous devons agir pour éviter cela», explique Esther Waeber-Kalbermatten, cheffe du Département de la santé et des institutions sociales.
D’autant plus qu’après la période de semi-confinement, nombreux sont les travailleurs de 50 ans et plus qui sont sur le fil. «Nous devons malheureusement nous attendre à ce que la situation devienne encore plus difficile pour certains d’entre eux», ajoute la conseillère d’Etat.
Un mentor personnel
L’Etat du Valais a donc décidé de financer un projet pilote appelé 50+ actif mené par l’association Transit, uniquement dans le Valais romand, jusqu’à fin 2021. Les participants, des Valaisans de plus de 50 ans sans emploi ou en sous-emploi, se voient proposer des prestations gratuites, comme un coaching intense. Ils disposeront aussi de l’aide de «réseauteurs» et d’un mentor, «une personne issue du monde professionnel qui agit à titre bénévole, transmet ses connaissances professionnelles et permet de rencontrer les employeurs», explique Eliane Rosset, chargée du projet. Actuellement, une vingtaine de mentors sont de l’aventure.
La personne de 50 ans et plus sera également aidée dans la refonte de son C.V., dans la création d’une page Linkedin ou Facebook, d’un dossier de candidature, la préparation à un entretien d’embauche, etc. «On va aussi tenter de mieux cibler les postes qui lui conviendraient. On mise sur les atouts des personnes de plus de 50 ans: elles ont de l’expérience, sont loyales, fidèles et disponibles tout de suite», explique Eliane Rosset. 50+actif a pour objectif le retour le plus vite possible dans la vie professionnelle. «On souhaite que l’insertion se fasse en trois à quatre mois», ajoute Eliane Rosset.
Reste encore à convaincre les employeurs qu’engager un 50 ans et plus est une bonne affaire pour lui aussi. «C’est clair qu’il y a toute une sensibilisation à faire à ce niveau-là», reconnaît la chargée du projet.
«J’AI RETROUVÉ UNE CERTAINE CONFIANCE»
Jérôme (prénom d’emprunt), un Valaisan de 58 ans, a fait appel à 50+actif il y a quelques semaines. «J’ai entendu parler de ce projet et me suis dit, pourquoi pas. J’y ai trouvé une écoute et un facteur humain qui n’existent pas dans les institutions officielles.» Depuis ses 50 ans, il ne trouve plus de travail fixe lui permettant de vivre. «Je m’étais lancé comme indépendant, mais comme mon secteur est concurrentiel, je n’ai presque plus de mandat.» Il suit désormais le coaching intensif du projet pilote qui lui a fait prendre conscience de ses compétences. «J’ai retrouvé une certaine confiance, alors que j’avais envie de tout jeter par la fenêtre. Cela m’a donné de la force psychologique pour avancer, car ce projet m’a permis d’élargir mon réseau. C’est enfin en train de s’ouvrir.»
Par Christine Savioz, Le Nouvelliste (https://www.lenouvelliste.ch/articles/valais/canton/galere-professionnelle-des-50-ans-et-plus-l-etat-du-valais-a-leur-rescousse-971362)
